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1la reproduction asexuée

Des boutures pour multiplier les éponges

Lorsque nous ne disposons que d’un morceau de pain pour satisfaire plusieurs affamés, nous n’avons d’autres recours que de la fractionner en autant de parts qu’il y a de personnes. C’est un problème facile à résoudre, certes, à ceci près qu’en multipliant le nombre de parts on n’augmente pas pour autant la quantité de nourriture à partager. La multiplication des pains relève du miracle, et pourtant des phénomènes tout aussi étranges se produisent couramment dans la nature à notre insu.

 

les unicellulaires
les unicellulaires

Beaucoup d’animaux en effet se fragmentent spontanément, chacun des morceaux redonnant bel et bien un animal complet. Voilà de quoi nous étonner ! Seuls quelques invertébrés, il est vrai, sont capables d’un tel tour de force, mais le phénomène n’en est pas moins surprenant. Lançant comme un défi à notre esprit cartésien, ces êtres vivants se tirent d’affaire de manière très différentes.
Laissons momentanément de côté ces animaux particuliers que sont les unicellulaires pour nous intéresser aux pluricellulaires, encore nommés métazoaires. Certains d’entre eux sont méconnus parce qu’ils vivent en des lieux que nous ne fréquentons guère, ou parce qu’ils sont trop petits ; d’autres n’ont pas le don d’attirer notre attention parce qu’ils ne correspondent pas à l’idée que nous nous faisons des animaux. Ignorer toutes les bestioles qui n’ont ni membres ni tête serait négliger une bonne partie du monde animal et nous aurions tort de le faire.

pluricellulaires
pluricellulaires
scissiparité.
scissiparité.

Les plus primitifs des animaux sont justement ceux qui vont nous retenir en premier lieu : leur anatomie des plus simples va de pair avec l’étonnant pouvoir de se multiplier en se fractionnant que les biologistes nomment scissiparité.

Les éponges sont incontestablement les plus rudimentaires des métazoaires ; leur immobilité permanente, l’absence de formes bien définies rendent d’ailleurs perplexes les zoologistes amateurs qui les découvrent sur les plages.
Est-ce là une plante ? S’agit-il d’un animal bizarre que les vagues ont rejeté sur le sable ? Bien peu d’arguments, à vrai dire, sont fournis au novice pour trancher la question. Les zoologistes eux-mêmes, qui reconnaissent aujourd’hui dans l’éponge une forme animale indiscutable, s’y sont longtemps trompés ; ils ne savent d’ailleurs pas très bien encore s’ils ont affaire à un individu, c’est-à-dire à un organisme qui forme un tout, ou à une colonie composée de nombreuses cellules qui trouveraient avantage à vivre ensemble.

Il existe de petites éponges à squelette siliceux chez lesquelles de longs piquants nommés spicules hérissent la masse spongieuse. De temps à autre on peut trouver de petites masses cellulaires embrochées par les spicules. Ces masses qui ne sont autre chose que des fragments de l’éponge mère, cheminent sur le piquant en s’éloignant lentement de leur souche, grossissent et tombent : chacune d’elles se fixant sur le fond rocheux donnera une nouvelle éponge. Nous sommes en présence d’une phénomène de scissiparité par lequel des fragments de l’animal deviennent autonomes et reconstituent chacun un organisme entier. Si nous avions affaire à une plante nous parlerions ici de bouturage. Cette étonnante faculté n’a évidemment pas échappé à l’homme, amateur des fameuses éponges utilisées pour la toilette des peaux fragiles.

 

La spongiculture
La spongiculture

La spongiculture consiste en effet à procéder artificiellement au bouturage des éponges. Pour se faire reproduire les précieux animaux, il suffit de fragmenter les plus gros d’entre eux en petits cubes, et de la empaler sur des fils métalliques qu’on immerge en mer. Au bout de quelque temps, chaque cube se transforme en une magnifique éponge. Que de problèmes seraient résolus, en particulier celui de la faim dans le monde, si les animaux comestibles pouvaient se multiplier de cette façon !

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