2 Juin 2024
Tendance à se multiplier particulièrement précoce
Qu’on parle d’éponges, d’hydres, de planaires ou d’annélides, la scissiparité se manifeste toujours chez des animaux qui ont acquis une certaine maturité et sont même capables de se reproduire par voie sexuée.
Dans quelques cas la tendance à se multiplier s’avère beaucoup plus précoce puisqu’elle apparaît chez l’embryon.
Ayant commencé son développement, l’oeuf fécondé se sépare en deux massifs cellulaires ou davantage ; chaque partie évolue en embryon et donne finalement un individu parfaitement constitué : c’est le phénomène de la polyembryonie.
Bien que ce soit un œuf qui se fragmente, c’est-à-dire un individu en puissance et non un anima adulte, nous pouvons assimiler la polyembryonie à la scissiparité.
En fait ce phénomène curieux combine la reproduction sexuée (formation d’un œuf) à la reproduction asexuée (fragmentation de l’oeuf).
On rencontre la polyembryonie chez quelques insectes hyménoptères qui pondent leurs œufs dans le corps des chenilles et bénéficient ainsi d’un prodigieux pouvoir de multiplication, à l’image de la plupart des parasites.
Fait plus étonnant sans doute, la polyembryonie existe aussi chez des animaux beaucoup plus évolués que les insectes : c’est elle qui, dans l’espèce humaine même, conduit à la formation des vrais jumeaux ou aux naissances multiples.
Bien qu’on ne sache pas encore très bien à l’heure actuelle quelles sont les modalités exactes de cette polyembryonie, on imagine que c’est l’intervention de plusieurs centres organisateurs au lieu d’un seul qui provoquerait la fragmentation de l’oeuf. Relativement rare chez l’homme, comme chez la plupart des mammifères, la multiplication des embryons est de règle chez le tatou, ce petit édenté d’Amérique du Sud au corps caparaçonné d’écailles. Systématiquement, en effet, la femelle tatou met au monde plusieurs petits issus du même œuf, tous de même sexe et alimentés par un seul placenta.
Bien que peu répandue dans le règne animal, la polyembryonie mérite d’être signalée comme moyen de reproduction ; notons en passant que nous savons provoquer artificiellement la multiplication des embryons chez des animaux qui ne la pratiquent pas spontanément, tels que les oursins, les poissons et les batraciens. Il suffit pour cela de fragmenter l’oeuf avec précaution et au moment opportun. La nature est donc encore plus riche que nous le pensons dans les modalités de la reproduction puisqu’elle n’exploite pas à fond ses immenses possibilités.