Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Extinction des oiseaux

Biodiversité: «On considère qu'il y a une espèce d'oiseau sur huit qui disparait actuellement» Émeline Ferard

De plus en plus d'études dénoncent la situation préoccupante des populations d'oiseaux à travers le monde. Aujourd'hui, une espèce sur huit serait menacée d'extinction. Pour Maxisciences, Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la Protection des oiseaux (LPO) a accepté de revenir sur le déclin des oiseaux et son origine.

La sixième extinction est en marche et les oiseaux n'y échappent malheureusement pas. C'est ce que semblent confirmer de plus en plus d'études publiées à travers le monde. Selon l'ONG BirdLife International, une espèce sur huit d'oiseaux serait aujourd'hui menacée d'extinction, soit quelque 1.375 espèces. Certaines auraient même déjà définitivement disparu de leur habitat naturel, comme l'ONG l'a révélé dans un récent article.  

En Europe comme en France, la même tendance se dessine. Selon un récent constat émis par l'Agence française de la biodiversité (AFB), dans l'Hexagone, c'est même une espèce sur trois qui est désormais menacée d'extinction. En 15 ans, les oiseaux des campagnes auraient ainsi connu un déclin de 30%. "Un rythme assez effarant" qui inquiète et qui ne semble pas sur le point de s'inverser.

Interrogé par Maxisciences, le président de la Ligue pour la Protection des oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg, confirme ce bilan alarmant de la situation des oiseaux. "Parmi les espèces très représentatives du déclin, j'ai envie de parler d'un oiseau que nos grands-parents voyaient dans les campagnes : l'alouette des champs. Aujourd'hui, 30% des populations d'alouettes des champs ont disparu", explique-t-il.

Or, "l'oiseau est un indicateur. Lorsque les populations d'oiseaux sont nombreuses c'est que tout le cortège du vivant, les petits mammifères, les lézards, les insectes, etc. sont également très présents. Quand l'oiseau disparait, c'est toute la biodiversité qui est affectée", souligne-t-il.

L'agriculture intensive pointée du doigt  

Les raisons de ce déclin ne sont pas inconnues des spécialistes. Les oiseaux souffrent notamment de l'agriculture intensive et "de son cortège de produits chimiques surréaliste", affirme M. Bougrain-Dubourg, mais aussi de l'assèchement des zones humides. "On a perdu 50% des zones humides en trois décennies. Les zones humides se sont des nurseries. C'est là où le vivant va s'épanouir", justifie-il.

Parmi les autres menaces, l'artificialisation des sols, les espèces invasives ou encore le réchauffement climatique. "Aujourd'hui, on parle beaucoup de la question climatique et c'est très bien. Mais on ne parle pas assez du déclin de la biodiversité et ça c'est dramatique", juge le spécialiste. "On ne mesure pas les conséquences du déclin du vivant. Cela se déroule de façon discrète, pathétique".  

"C'est un peu comme un mur du vivant dont on retirerait les pierres les unes après les autres. Ce sont les espèces qui disparaissent", poursuit-il, "on croit que ce n'est pas utile mais voilà, il y a des trous dans le mur et un jour, le mur va s'effondrer, nous entrainant dans sa chute". Une situation qui appelle à une réaction d'urgence d'après le président de la LPO.

Une chasse qui tape sur des oiseaux à l'agonie

La situation des oiseaux en France est récemment revenue sur le devant de la scène avec le débat sur la chasse et les nouveaux arrêtés autorisés par le ministère de l'Ecologie. Ces derniers autorisent notamment l'utilisation de méthodes jugées cruelles pour la chasse aux oiseaux. Les quotas fixés pour la saison 2018/2019 ont également suscité de vives critiques, cette fois-ci de la part des chasseurs qui les jugent trop faibles.

Pourtant, certains chiffres ont de quoi effrayer. Pour l'alouette des champs citée plus haut, le taux de prélèvement fixé pour 2018 s'élève à 106.500 individus (contre 370.000 en 2015). L'occasion de rappeler que la France décroche un triste record en matière de chasse. Actuellement, on peut chasser un total de 64 espèces d'oiseaux dans l'Hexagone contre une moyenne dans le reste de l'Europe de 24 espèces.

Or, "sur ces 64 espèces, 20 d'entre elles sont sur la liste rouge des espèces les plus menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ca veut dire qu'on va taper sur des animaux qui sont à l'agonie. Est-ce que c'est ça une chasse responsable ? Est-ce que c'est ça être les premiers écologistes de France ?", s'interrogeM. Bougrain-Dubourg en référence à la récente campagne controversée des chasseurs.

"Je trouve qu'on frise l'indécence. Mais à la limite les mauvais comportements peu importe. Ce qui importe aujourd'hui, c'est qu'on baisse les armes, on cesse le feu avec ces espèces les plus fragiles", poursuit le spécialiste, évoquant l'exemple de la tourterelle des bois dont jusqu'à 30.000 oiseaux étaient abattus chaque année par les chasseurs et qui est encore chassé en France malgré un déclin de 80% de sa population.

Comment sauver les oiseaux ?

Si des mesures peuvent être mises en place pour lutter contre le réchauffement climatique, sauver les oiseaux d'un sombre avenir est malheureusement plus complexe. "Ce n'est pas en mettant une mangeoire, un nichoir ou une petite mare qu'on va sauver tout ce vivant à l'agonie", regrette M. Bougrain-Dubourg. Mais des engagements forts pourraient bien permettre de faire avancer la cause et porter un message plus fort auprès des décideurs.  

Bien que l'écologie comme la protection de la biodiversité ou le bien-être animal se soient fait une place dans la conscience publique, ils ont en effet encore bien du mal à s'imposer dans les décisions politiques. "Les élus sont en décalage avec le ressenti de la société parce que la société elle, bouge à l'égard de l'animal", affirme le président de la LPO, citant l'exemple des oeufs en batterie désormais rejetés des consommateurs.    

Pour agir, M. Bougrain-Dubourg appelle ainsi à s'engager auprès des ONGs mais également à faire le choix du consommateur et d'être extrêmement sélectif dans l'achat de ses produits, en privilégiant des produits qui n'affectent pas la biodiversité et l'environnement. Et si une mangeoire ne sauvera pas l'ensemble des oiseaux, elle pourrait tout de même permettre d'en aider quelques uns.

La Ligue pour la Protection des oiseaux a ainsi créé un site donnant des conseils à tout ceux qui voudraient protéger la nature de proximité dont les oiseaux.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article