Le brassage du matériel génétique

On ne saurait s'empêcher de rapprocher ce qui se passe chez les paramécies de ce qu'on rencontre chez quelques petits arthropodes tels que pucerons et daphnies.
Pendant la belle saison, ces animaux ne sont représentés que par des femelles; ces dernières se reproduisent en l'absence du mâle grâce au curieux phénomène de parthénogenèse. Bien que dans ce cas ce soit des ovules qui se développent et que la parthénogenèse soit à rapprocher de la multiplication sexuée dont elle dérive, nous avons là un mode de reproduction qui rappelle la reproduction asexuée.
Il es remarquable de constater qu'à l'approche de l'hiver les femelles de ces animaux donnent naissance à des mâles qui s'accouplent à leurs partenaires. De ces accouplements résultent des œufs dits de résistances qui semblent nécessaires à l'espèce pour franchir le cap de la mauvaise saison.

Si l'on envisage maintenant le problème sous son angle génétique, on comprend que, dans une certaine mesure, la fusion de cellules reproductrices issues de souches différentes assure un brassage du matériel génétique. Il semble bien que  plus on s'élève dans l'échelle de l'évolution, plus ce brassage du matériel génétique soit bienfaisant et même nécessaire.
Les unicellulaire et les pluricellulaires simples (hydres et éponges) paraissent capables de produire des générations nombreuses par la seule reproduction asexuée.
Quand il y a reproduction sexuée chez ces animaux rudimentaires, il peut y avoir "mariages" entre frères et sœurs ou même autofécondation (ces animaux fabriquent les deux sortes de cellules reproductrices) sans grand inconvénient pour la descendance.

Quant aux animaux supérieurement organisés, ils font preuve de la fragilité qui caractérise tout organisme complexe : les moindres anomalies dans leur matériel génétique sont presque catastrophiques.
De ce fait, le renouvellement du matériel génétique par des combinaisons constamment différentes donne aux gènes néfastes (les gènes sont portés par les chromosomes des cellules et conditionnent les caractères de l'animal) la chance de se voir neutraliser par des gènes "normaux"

Renouveler le matériel génétique des représentants d'une espèce par un brassage constant des gènes, et donc éviter la dégénérescence par l'accumulation des tares dans une même lignée, telle est peut-être la véritable signification de la reproduction sexuée.

De ce point de vue, la reproduction asexuée présente une grave lacune; tous les individus provenant les uns des autres par simple fractionnement se transmettent d'une génération à l'autre la totalité du patrimoine héréditaire de l'individu qui a servi de souche. Que celui-ci soit atteint d'une anomalie, et toute la lignée en souffrira !