16 Mai 2025
La reproduction sexuée, mode de reproduction le plus répandu dans le règne animal, nécessite, comme nous le savons, la collaboration de deux sexes : le sexe mâle fournit les spermatozoïdes, le sexe femelle donne les ovules.
En cas de non-fécondation, les ovules des femelles sont voués à la stérilité et à la mort. Cela semble une banalité : chacun sait qu'en l'absence de mâle, une femelle ne saurait procréer. Largement répandue parce qu'elle répond à la majorité des cas, cette affirmation mérite cependant une réserve.
Il existe des animaux, et pas des plus primitifs, chez lesquels l'ovule se développe bel et bien sans l'intervention d'une spermatozoïde et donc sans le secours du mâle. Les biologistes parlent de "parthénogenèse" (en grec, parthenos signifie "vierge".
C'est ainsi que chez le ver à soie, les étoiles de mer, les oiseaux et même les mammifères, pour ne citer que quelques exemples, l'ovule commence à se développer comme s'il y avait eu fécondation. Remarquons pourtant que si un œuf de bombyx du mûrier ou d'Etoile de mer peut se développer seul jusqu'au stade adulte, le développement parthénogénétique de l'ovule ne va jamais jusqu'à son terme chez les animaux supérieurs, du moins dans les conditions naturelles. Le phénomène n'en est pas moins digne d'intérêt quand on sait qu'expérimentalement les biologistes savent obtenir de jeunes lapins parfaitement constitués sans que les ovules de leur mère aient été fécondées.
Mais ce qui n'est somme toute qu'accidentez chez quelques animaux, devient la règle chez d'autres. Un exemple bien connu est celui des abeilles chez lesquelles la reine est la seule femelle à assurer la production. Au cours du vol nuptial qui n'a lieu qu'une fois dans sa vie, la reine accumule dans sa spermathèque une réserve de spermatozoïdes qu'elle utilisera tout au long de sa vie de reproductrice. Au moment de la ponte, grâce à un mécanisme encore mal élucidé, la reine a la possibilité de féconder ou non les ovules. Si elle contracte sa spermathèque au passage des ovules dans ses voies génitales, ces derniers seront fécondés : ils se développent par thénogénétique, et donnent systématiquement des abeilles mâles ou faux bourdons. Voilà comment, bien que la reine se soit accouplée, les mâles des abeilles sont des enfants qui n'ont jamais de père. Lorsque la reine est âgée et qu'elle a épuisé sa réserve de spermatozoïdes, il arrive qu'elle continue de pondre.
Tous les ovules se développent alors mais ne donnent que des mâles : la ruche est dite bourdonneuse. Bien qu'on ne sache pas encore très bien sous quelle influence la reine contracte ou non sa spermathèque, on parle de parthénogénèse facultative, dans la mesure où certains ovules sont fécondés alors que les autres ne le sont pas.
Il est d'autres cas, où, faute de mâles, la parthénogenèse devient obligatoire.
L'exemple du phasme, insecte méditerranéen à forme de brindille, est bien connu pour cela. Il suffit d'avoir une femelle et de la nourrir correctement pour avoir indéfiniment des générations de phasmes, dont tous sont orphelins de père.
En réalité, l'espèce phasme n'est pas dépourvue de mâles : dans certaines régions les deux sexes sont présents. Dans d'autres où il n'y a que des femelles, il y a parthénogenèse : on parle pour cette raison de parthénogenèse géographique.
L'exemple des pucerons correspond à une modalité différente de parthénogenèse.
Pendant la belle saison, les femelles se reproduisent seules, pour la bonne raison que les mâles sont inexistants. Mais quand vient l'automne, sous l'effet de la sève végétale qui devient moins nourrissante, les femelles parthénogénétiques donnent naissance à des pucerons des deux sexes. Mâles et femelles appartenant à ces générations d'automne s'accouplent ; Ils donnent des œufs résistants qui passent tout l'hiver à l'état de vie ralentie. Ce n'est qu'au printemps suivant que ces œufs se développent pour donner uniquement des femelles parthénogénétiques . L'alternance en cours d'année de générations parthénogénétiques avec les générations où les deux sexes interviennent permet de parler de parthénogenèse cyclique.
Qu'elle soit accidentelle, régulière, facultative ou obligatoire, la parthénogenèse a, chez tous les animaux, la même signification. Elle prouve que la reproduction peut se faire en l'absence du sexe mâle. nous avions déjà appris, avec la reproduction asexuée, qu'un animal était capable de se reproduire seul, mais le problème de la parthénogénèse est différent. Il s'agit cette fois d'une reproduction dérivée de la reproduction sexuée qui fait intervenir des cellules sexuelles, les ovules, et n'élimine pas toujours la reproduction sexuée. En arriverons-nous un jour à l'élimination des mâles dans les populations animales ? La chose est possible, théoriquement du moins. Mais il n'y aurait plus alors ce brassage des patrimoines héréditaires que l'on doit aux croissements des individus, brassage si nécessaire aux yeux des généticiens pour éviter la dégénérescence des espèces.