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Sexe fort et sexe faible

Pour la grande majorité des espèces animales, les deux sexes sont bien distincts et participent à la reproduction sexuée : ce sont des espèces dites gonochoriques; Mais la nature faisant parfois preuve de fantaisie, il est des animaux chez lesquels les deux sexes coexistent sur le même individu; Être à la fois mâle et femelle, voilà qui doit poser des problèmes à ces animaux qu'on dit hermaphrodites (de Hermès ett Aphrodite, dieu et déesse de la mythologie grecque.)

Cet hermaphrodisme est parfois rudimentaire parce qu'il n'existe que transitoirement chez les animaux jeunes; les ébauches des glandes sexuelles étant mixtes chez les crapauds et beaucoup de poissons, ces animaux sont régulièrement hermaphrodites jusqu'à un certain âge. Il serait d'ailleurs plus exact de dire que leur sexe n'est pas encore déterminé, car au moment de la maturité sexuelle, l'un des sexes l'emporte définitivement sur l'autre : ces animaux ne sont pas de hermaphrodites fonctionnels.

L'hermaphrodite existe aussi à titre accidentel chez des animaux adultes qui ont normalement un sexe bien déterminé. Il s'agit généralement d'anomalies en rapport avec un patrimoine héréditaire aberrant. On rencontre cet hermaphrodisme accidentel chez presque toutes les espèces, aussi bien parmi les invertébrés que parmi les vertébrés.

A côté de ces formes d'hermaphrodisme sans conséquences parce que non fonctionnel, existe un hermaphrodisme régulier, devenu un caractère permanent de certaines espèces et même de groupes animaux entiers. Tous les vers voisins de certaines espèces de la sangsue, l'embranchement entier des vers plats sont caractérisés par l'hermaphrodisme. La coexistence de deux sexes chez un même individu pose naturellement le problème de l'autofécondation; in animal hermaphrodite peut-il féconder ses ovules avec ses propres spermatozoïdes ? Bien que théoriquement possible, le phénomène est rare. La perche marine, dont les deux types de cellules sexuelles sont mûres simultanément, réalise exceptionnellement l'autofécondation; mais plus souvent les animaux de cette espèce jouent alternativement le rôle de mâle et de femelle : finalement la fécondation est donc croisée comme chez la daurade.

Lorsque l'hermaphrodisme affecte des animaux à fécondation interne, l'accouplement est assez particulier. C'est le cas chez les vers de terre et les escargots réalisent en fait un double accouplement; chaque partenaire joue simultanément le rôle de mâle et de femelle. Lors de leur union, les escargots se piquent mutuellement avec un petit stylet calcaire que certains auteurs nomment poignard d'amour; moins poétique, les zoologistes parlent tout simplement de dard. En tant que mâles, les deux animaux émettent des spermatozoïdes qu'ils échangent; en tant que femelle chacun récolte les spermatozoïdes du partenaire dans une poche copulatrice prévue à cet effet. Plus tard, au moment de la ponte, les œufs sont fécondés au passage par les spermatozoïdes.

L'exemple du ver solitaire est peut-être encore plus extraordinaire que celui de l'escargot. En dehors du fait qu'il vit seul dans l'intestin des mammifères qu'il parasite, l'originalité du ver solitaire tient à son anatomie. Chacun sait que ce ver est constitué d'une multitude d'anneaux qui bourgeonnent en arrière de la tête, cependant que la partie terminale de l'animal égrène des segments bourrés d'œufs. Lorsqu'ils sont jeunes, les anneaux renferment des testicules: ils sont de sexe mâle. Lorsqu'ils sont âgés, les mêmes anneaux renferment des ovaires: ils sont devenus femelles. Par le fait du bourgeonnement continu, la partie antérieure du corps du ver solitaire est faite d'anneaux mâles, la partie postérieure d'anneaux femelles. Le tour de force du ver solitaire est de pratiquer l'accouplement sans partenaire ! Pour ce faire, il se replie tout simplement sur lui-même, de telle sorte que les anneaux de sa région antérieure, les mâles, fécondent les anneaux de sa région postérieure, les femelles. S'agit-il d'une véritable autofécondation ? La discussion est ouverte et la réponse varie suivant qu'on considère le ver solitaire comme un animal unique ou comme une sorte de colonie d'anneaux ! Mais de telles considérations nous écartent un peu de nos préoccupations; quoi qu'il en soit, on peut voir dans l'hermaphrodisme si bien fonctionnel du ver solitaire une extraordinaire adaptation à la situation particulière qu'est la sienne. Dans l'impossibilité de trouver un partenaire sexuel, l'hermaphrodisme associé à cette sorte d'autofécondation est la seule solution pour pratiquer la reproduction sexuée !

 

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